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La petite Gare de Saint Sornin

Fut un temps où dans la brume du petit matin sifflait le train du Petit mairat. Tout autour, s’agitaient ces femmes et ces hommes apprêtés pour la foire d’Angoulême. Ils ne devaient être qu’une dizaine, peut-être une quinzaine, mais guère plus. On se massait autour du train qui s’arrêtait devant la petite gare. On s’entassait dans ses quelques wagons. A l’intérieur l’odeur était âpre, enfumée. On se saluait et se retrouvait. On échangeait les dernières nouvelles et les quelques potins. C’était un rendez-vous à ne pas manquer.
Cette histoire, c’est celle parmi tant d’autres, de la petite gare de Saint Sornin. Une petite maison blanche sans aucune prétention. Seules ses lettres subsistent pour annoncer le village. Aujourd’hui, dans ce monde où tout va trop vite, on a du mal à imaginer l’histoire de ces locomotives sillonnant les campagnes, parcourant la vallée de la Renaudie ou sifflant au cœur des forêts.
C’était pourtant le projet phare du conseiller départemental de Champagne Mouton et député de la Charente : Adrien Paul Mairat. Le train qu’il mit en place héritera affectueusement de son nom : Le Petit Mairat. A cette époque où les voitures étaient rares et les routes peu praticables, le train était venu désenclaver nos campagnes. En tout, 7 lignes sillonnaient la Charente, d’Angoulême à Confolens ou à destination de Barbezieux, Villebois ou Cognac.

La Compagnie des Chemins de Fer de Charentes vous in-forme que Le train en partance de Roumazière et à desti-nation d’Angoulême desservira les gares de Suris-Lapéruse, Juillac la Pouyerie, Mazières, Cherves Chatelars, Montemboeuf, La Belle Etoile, Mazerolles le Lindois, Rouzède, Montbron, Vouthon, Saint Sornin, Vilhonneur, Saint-Paul, Pranzac, Glanc, Le Queroy, Mornac, Le Pontil, Magnac sur Touvre, Recoux, l’Isle d’Espagnac, Angoulême.
Départ prévu à 6h28 et arrivée à 10h09

67km de trajet à une vitesse moyenne de 17 Km/heures. Soit 1h30 pour rejoindre Angoulême depuis Saint Sornin.
Parmi les anecdotes que l’on peut trouver sur ce train, la plus cocasse n’est autre que celle qui prétend que dans les côtes, les voyageurs devaient descendre pour pousser ce petit train poussif. Mais selon un article de Claude Fils :

« Il ne peut guère s’agir là que d’une exagération. Ce qui est sûr, c’est que ces trains, lorsqu’ils étaient lourdement chargés, les jours de foire, ne réussissaient pas toujours à monter les fortes côtes d’une seule fois. Il leur fallait alors redescendre, faire de la pression, puis repartir à l’assaut. Et les voyageurs avaient tout le loisir de descendre, de continuer à pied, et peut-être de faire semblants de pousser le lourd convoi. »

Comment ne pas imaginer les poules dans leurs cages piaillant dans ce joyeux bazar que devait constituer ce trajet au cœur des chemins sinueux et des paysages vallonnés de Charente.

Mis en service en 1912, d’abord sur la section Angoulême-Montbron, puis dans son prolongement sur le trajet Montbron- Roumazière, Le petit Mairat connaitra son plein essor jusqu’à la première guerre mondiale. Les deux guerres vinrent l’une après l’autre compromettre le bon fonctionnement de la ligne de chemin de fer. Finalement, en Janvier 1949, l’on mit fin à la compagnie des chemins de fer économiques des Charentes. Plus assez rentable, plus dans l’air du temps, Désormais, les trains devaient être remplacés par les voitures, bien plus modernes et plus rapides.
Il n’en reste aujourd’hui que cette petite maison blanche ainsi que le souvenir de ces hommes et de ces femmes qui un jour se sont croisés à bord de ce petit train.
Aujourd’hui, en vous asseyant contre le mur de la petite gare de Saint Sornin, vous entendrez peut-être le chant des oiseaux ou les moteurs des voitures qui passent non loin. Mais désormais, seul le vent vous rappellera le sifflement lointain du train du Petit Mairat…
Et pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur l’histoire de ce train, le livre de Chemins de fer de Charente au temps de la vapeur de Henry Le Diraison et Yvette Renaud, édité par le Centre Départemental de Documentation Pédagogique de la Charente est disponible à la médiathèque de l’Alpha à Angoulême.

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